

Le Transsibérien (Mars 2019)
Vendredi 8 mars 2019 - 12h59, gare de Moscou, gare de Yaroslavsky précisément, c’est la gare de départ du transsibérien. Nous y voilà, temps fort de notre début de voyage, on part pour 4 jours dans le train. Le départ est à 13h50, on a un peu de marge, mais pour une fois, on préfère prendre de l’avance et ne pas courir dans un pays et une langue qu’on ne maitrise pas…


13h48, nous sommes dans le train, le départ est dans 2 minutes, la tension monte, on a posté quelques photos sur facebook, envoyé des messages à nos familles sur Whatsapp, et on attend le départ.
Ca y est, le train démarre, mon coeur s’accélère et j’ai le sourire aux lèvres, j’oscille entre appréhension et enthousiasme. On part pour l’inconnu, plus de repère de temps et d’espace quand tu t’endors, te réveilles et passes ta journée dans le train.
Un gars du train vient nous apporter une pièce en chocolat datée du jour, en fait non, il ne l’apporte pas à nous, mais à Nadia, c’est un cadeau pour la journée de la femme, jour férié en Russie, Nadia est très touchée par cette attention.
Samedi 9 mars 2019 - 12h38, 21 heures et 48 minutes que nous sommes dans le transsibérien. Pour l’instant le temps n’est pas trop long, on a fait une grosse nuit, on en avait bien besoin, les 15 premiers jours ont été sport, à changer tout le temps de ville, et passer les nuits dans les bus.
La vie dans le Wagon commence à s’organiser, nous avons les 2 couchettes du haut. Au dessous, deux dames Russes, très gentilles, qui nous laissent la table pour manger, car leurs banquettes du bas, servent également de canapé pour la table. Elles tentent de communiquer mais ne parlent pas Anglais, on arrivera à leur dire d’où on vient et où on va, c’est déjà pas mal.
Nos banquettes du haut sont suffisamment proches pour qu’on puisse tous les deux brancher nos écouteurs à l’ordi et mater un film, vous imaginez bien que bloqué dans un train, on n’a pas mal saigné l’ordi.

Dimanche 10 mars 2019 - 12h35, 43 heures et 45 minutes que nous sommes dans le train. Ça se passe, mais l’envi de se dégourdir les jambes se fait ressentir, après une petite toilette, je me suis équipé, prêt à enfiler, blousons et chaussures au prochain arrêt. Dans le Transsibérien il fait plutôt très chaud, 20-25 degrés, comparé à dehors où on doit plus être autour des -15, -20 degrés, on se met donc à l’aise, et il y a des règles, comme celle d’enlever ses chaussures. Quand les gens montent, ils les retirent et enfilent chaussons ou claquettes et se mettent à l’aise, jogging etc, le wagon se transforme en pyjama party géante. Les wagons sont propres, il y a les « Provonitsas » qui entretiennent le wagon. Elles sont deux par wagons, elles nettoient et veillent à ce que tout se passe bien, elles viennent vous prévenir quand votre arrêt est proche. C’est très bien organisé.

Aujourd’hui le ciel est complètement dégagé, et les paysages sont magnifiques. Le spectacle vaut vraiment le détour de quelques milliers de kilomètres et je commence à comprendre pourquoi les gens parlent du Transsibérien comme d'un voyage à part entière. Je reste assis le long de la fenêtre à admirer le paysage en écoutant de la musique, ca peut durer des heures. J’imprime un max de photos dans ma mémoire, et quelques-unes pour Instagram, mais aussi pour pallier à Alzheimer quand il viendra…

Lundi 11 mars 2019 - 13h44, 67 heures et 52 minutes depuis le départ. Ça commence à être un peu plus long, surtout avec nos 2 banquettes du haut. La journée on doit squatter les tables dispos à droite à gauche, mais depuis hier soir le Wagon est plein à craquer. Chaque arrêt apporte son lot de questions: où sommes-nous? Quelle heure est-il? (le transsibérien d’un bout à l’autre, c’est 7 fuseaux horaires) Nos voisins vont-ils descendre? D’autres vont-ils monter? Aura-t-on le compartiment pour nous? (c’est arrivé quelques heures) Va t-on se taper la famille avec les gamins que je vois sur le quai? Un vrai suspens dans chaque gare et sur 5000 km, il y en a quelques unes des gares.

Mardi 12 mars 2019 - 17h42. Nous venons de passé 83 heures et 32 minutes dans un train, c’était une sacré épreuve, c’était une belle aventure.
On est arrivé à Irkoutsk à 6h22, et la dernière nuit n’a pas été reposante, on est tombé sur LE voisin relou, un Russe, qui n’a fait que manger, dormir, picoler, et ronfler pendant 36 heures avec nous. Il est interdit de boire dans le Transsibérien, mais la police qui passe dans les Wagons est assez tolérante s’il n’y a pas d’abus et que ca ne se voit pas trop. Notre voisin avait été malin et avait caché une poche de bag-in-box sous son coussin, ce qui ne l’empêchait pas d’aller se chercher des bières dans chaque gare. Le mec mangeait, picolait, regardait des vidéos avec le son à fond, puis faisait une sieste…de jour, comme de nuit. Il est même rentré dans le wagon en pleine nuit avec un kebab, rien que l’odeur ca te réveille. Et je vous évite le passage où il montre une vidéo à notre voisine en se marrant et en nous montrant du regard. C’était une vidéo qui se moque des français, on comprendra pas grand chose de plus…
Il ne nous aura quand même pas empêcher de profiter des paysages la dernières journées, surtout que le ciel était voilée et les lumières magnifiques jusqu’au couché de soleil.



Irkutsk
A la sortie de la gare d’Irkoutsk, première mauvaise surprise, il y a très peu de neige, il n’y a même plus de neige du tout et il ne fait pas super froid comme on s’y attendait, on se demande même si le lac va être encore gelé. Le jour se lève et nous laisse découvrir une ville grise et terne, le peu de neige sur le bord des routes est noirci par les échappements, la ville est sale et l’air est suffoquant.
La balade d’après-midi ne nous donnera pas une plus belle image de la ville, seule réjouissance, un petit resto non loin de l’auberge « Baïkal love ». Une petite pépite comme on les aime, tout est fait maison, l’accueil est super sympa, on mange trop bien et pour vraiment pas chère: plat de Pelmenis (Raviolis russes) et Blinis (crêpes Russes) fourrés, avec pintes de bière, et tout ça pour 8€.
Mise à part ce petit resto et la belle église Notre-Dame de Kazan, on n’a pas trouvé grand chose à voir dans cette ville.

Le Lac Baïkal
Le lendemain, on part pour le lac Baïkal, une bonne heure de route en mini-bus pour le rejoindre. Les routes sont dans un sale état, et le chauffeur doit avoir un rencard, vu l’allure à laquelle il trace. Notre dos prend très chère, on rebondit dans tout les sens. Puis on arrive au commencement de la rivière Angara, unique déversoir du Lac Baîkal, avec une vue magnifique sur la limite eau/glace.

Le bus nous arrête à Listvianska, on descend, et 10 minutes après, on pause le pied sur le lac gelé, un petit pas pour l’homme, un grand pas pour Nadkev!
On se fera une balade de trois bonnes heures sur le lac. C’était exceptionnel, mais c’était épuisant, car un lac gelé c’est glissant quand même. On est donc tout le temps sur la défensive, les muscles contractés. A l’horizon, les couleurs sont magnifiques, le ciel, les montagnes enneigées et le lac gelé se confondent dans un dégradés de bleu, c’est splendide. Seules les passages incessants des aéroglisseurs viennent casser le calme et la sérénité de l’endroit. Bien équipé, il doit y avoir moyen de partir à l’aventure et trouver des endroits plus sauvages, sans personne. Nous, on n’était pas équipé grosses chaussures et parka d’hiver, on n’avait pas la place dans le sac à dos et la Sibérie est le seul endroit froid qu’on traverse, notre équipement a largement suffit.



Frayeur sur le lac
Cela faisait deux heures qu’on marchait en s’éloignant du village de départ, sans trop s’éloigner de la côte quand même. On avait marché jusqu’à un groupe d’une dizaine d’aéroglisseur pensant qu’il y avait quelque chose à voir. Les gens étaient couchés par terre et se prenaient en photo. En se rapprochant on les voit avec des pailles. En fait ils versaient la vodka directement dans un petit trou sur la glace, rajoutait des fruits et buvaient leur cocktail allongés sur le ventre. Pas très pratique, mais fun quand même. N’ayant pas le droit à l’apéro, on fait demi-tour pour rentrer.
On entendait régulièrement des bruits sourds sous l’eau, comme quelque chose qui tapait, mais on ne savait pas quoi. Depuis une vingtaine de minutes, les bruits devenaient de plus en plus régulier, et se rapprochaient. Puis d’un coup un bruit sourd bien plus fort, comme un tremblement de terre, un bruit de bulles dans l’eau qui remontent et un bruit de craquement. On se stoppe net, on se regarde….on ne bouge pas, tout va bien, pas de trou autour de nous. On a pris un gros coup de chaud, et nos coeurs se sont pris un gros coup de speed.
On sera moins serein pour le retour au village, on se rassurera comme on peut en voyant les quad, buggy et autres 4x4 qui roulent tranquille sur le lac, mais la pression est quand même là. Cela ne nous empêchera pas de retourner faire quelques photos sur le lac après manger.


Le musée
Le lendemain on est retourné au Lac, il était bien tombé 10cm de neige et le paysage était bien différent. On en a profité pour faire la visite du musée du lac Baïkal, vraiment sympa, même si beaucoup d’explications sont uniquement en Russe. Il y a une petite « attraction » où on se retrouve dans un faux sous marin avec des hublots qui laissent apparaitre des écrans pour une descente jusqu’au fond du lac, et en plus, les commentaires sont disponibles dans plein de langues, dont le français. A faire!!!
On se fera une dernière promenade sur le lac enneigé avant de reprendre le bus qui nous ramènera à Irkoutsk récupérer nos sacs à l’auberge et aller à la gare. En attendant à la gare, on entend « Nadia JEGOU » dans les messages haut parleur au milieu d’une phrase Russe. Cela était déjà arrivé à Saint-Petersbourg alors qu’à chaque fois nous sommes bien en avance et il n’appelle que « Nadia Jegou », on ne sait toujours pas pourquoi, cela reste un mystère…
Il nous reste deux nuits et une journée de train pour atteindre Zabaïkalsk et la frontière chinoise. Maintenant, on est rodé, à peine monté dans le wagon, nous avons déjà enlevé nos chaussures et fait notre lit. On pourrait presque passé pour des locaux. La dernière partie de la route sera moins enneigée, mais les paysages de steppes seront tout aussi magnifique.


Le transsibérien et le lac Baïkal auront vraiment été une expérience. C’est difficile de transmettre par écrit ce qu’on ressent sur le moment. C’est une aventure qui se vit.

Ecrit par Kévin le 15 Avril 2019